Elle avait vu juste. Les chevaliers d’Heiron approuvaient à l’unanimité sa proposition de prise d’indépendance. Las d’assurer la défense de l’Empire avec le seul concours de Theobomos ils refusaient de continuer d’obéir aveuglément aux ordres du conseil et de nobles plus occupés à profiter des avantages de leur statut que d’assurer le bien être de leurs citoyens.
Inquiète cependant, la sorcière se dirigea d’instinct vers ce qui pouvait le mieux la rassurer : son placard à biscuits. Un sourire accompagna son expression de fureur quand elle s’aperçut que celui-ci était vide. Selene était-elle passée par la ?
Ise revint vers sa fenêtre ouverte sur la grand place de la citadelle. Le calme régnait en cette fin de journée. Le soleil couchant illuminait les sommets alentours alors que les statues décapitées semblaient replier leurs ailes pour la nuit. Songeuse, elle s’abandonna au spectacle, adressa un signe de la main aux marchands qui remballaient leur marchandises, salua les gardes qui s’envolaient pour la patrouille et, d’un simple froncement de sourcils, renvoya à leurs parents les enfants qui jouaient encore à cette heure tardive.
Un long soupir accompagna la fin de cet instant de répit. Il restait encore tant de questions sans réponse, tant d’inquiétude aussi.
Le chevalier Radaamanthys, reparti seul guerroyer en Abysses, pourrait-il longtemps se passer du soutien des troupes de l’Impératrice défaillante ?
Le Prince Palomides, tout occupé à récupérer et à profiter du calme paradis de Poeta, avait-il oublié son premier serment, sa fidélité au peuple d’Heiron ? Pourrait-elle compter encore sur lui ?
Les redoutables Tlaloc et Akha resteraient-ils toujours neutres ou oseraient-ils enfin prendre position dans ce conflit naissant ? Et quid des combattants que l’on ne voit que rarement ?
La baronne Maziana cesserait-elle de se pâmer, d’idolâtrer, de se consacrer à son enfant et au puissant renégat Lunium ? D’ailleurs, depuis quand n’avait-elle donné de nouvelles qu’en lançant un joyeux « Arieluma » en passant très vite ?
Et quel était ce Comte d’Elten, si longtemps absent, qui forçait le chevalier Shunblades à assurer seul la régence de ses terres ? Encore une fois, si Heiron n’était pas la, que deviendraient l’Empire ?
Noctë, nouvelle venue, allait très bientôt prononcer ses vœux de fidélité à Poeta. La duchesse doutaient encore de la présence de toute la soi-disant noblesse à cette cérémonie, mais elle comptait bien y annoncer sa sécession. Même si elle entendait rester dans l’alliance impériale, il ne faudrait plus demander à Heiron d’assurer seul la sécurité de tous les territoires.
Ise crut apercevoir une ombre à la limite de son champs de vision. Elle hurla et déclencha en hâte un sort de protection. Son cœur battait la chamade et elle se mit à trembler, à douter aussi. Pourrait-elle à la fois assumer son rôle et faire face à ses démons ?
- Selene, gémit-elle dans un souffle, tu es la ?