Haine, c'est le premier mot qui me vient à l'esprit quand je repense à mon passé. Vengeance est le second. Autrefois, l'on me disait compatissante, aujourd'hui, je suis plus dure que l'acier.
Je suis née il y a bien longtemps quand la Terre était plus jeune. Dotée de pouvoirs extraordinaires, je fus bientôt promise à un avenir radieux. J'effectuai mon Ascension assez jeune et fut envoyée au front, combattre Asmodiens et Balaurs. Ca, c'était avant, avant que je ne perde la mémoire et, maintenant, je souhaiterais qu'elle ne me fût jamais revenue.
L'être que je chérissais par-dessus tout était Yisselda, ma petite soeur. Nous ne nous ressemblions pas. A vrai dire, deux ^tres ont rarement été aussi différents. J'étas grande, brune et, bien que puissante, je restais une Daeva parmi d'autres ; elle était petite, blonde et douée d'un potentiel exceptionnel. Elle fit son Ascnesion à quinze ans, ce qui est incroyablement jeune pour une Daeva.
Yisselda...je ne sais si tu pourras me pardonner ou non mais sache que j'ai fait ce que je croyais être bien pour nous. Notre village natal était mal placé et la proie d'incessants raids de pillards. Trop petit pour que son nom soit seulement mentionné sur les cartes, il n'était evidemment pas assez important pour qu'une garnison s'y trouve. De plus, deux Daevas le protégeaient...nous!
Ayant été envoyée combattre, Yisselda était restée seule pour faire face aux raids mais elle s'en sortait très bien et, après quelques semaines, les bandits renoncèrent à harceler les habitants. Yisselda était une héroïne pour le village et moi, sa grande soeur, j'allais devenir l'instrument de sa perte.
Je savais depuis longtemps que les bandits étaient dirigés par un Asmodien. Cmomment était-il arrivé? Nul ne le savait. Mais en tout cas, il prit conscience qu'il devait s'en mêler et combattre lui-même ma petite soeur. Des messages me furent envoyés, me demandant de revenir pour aider mais je fis la sourde oreille. L'exaltation du combat dans les Abysses était bien trop grande et j'avais acquis suffisamment de renom pour faire oublier mes modestes origines. Ce n'était pas le moment de me les rappeler.
Fol orgueil, pourquoi m'as-tu pris?
Les missives se faisant de plus en plus fréquentes et, lasse des suppliques (et un peu tiraillée par ma mauvaise conscience), je pris congé et me rendit aussi vite que possible chez moi.
J'arrivais trop tard. Le village était en feu et tous les habitants étaient morts...ou presque! Ma mère mourut dans mes bras en me demandant d'aller sauver Yisselda qui avait été capturée par l'Asmodien. Dsespérée et ivre de rage, je me mis en route.
Portant encore mon armure des Abysses, nul bandit ne put me tenir tête. Ma lame fendait tout ce qui se trouvait devant son passage et j'arrivis bientôt devant l'Asmodien, couverte du sang de ses hommes, une lueur de folie brillant dans mon regard. Yisselda était étendue à ses pieds, évanouie.
J'engageai aussitôt le combat et me ruai sur lui. Surpris, il trébucha et ma lame le pourfendit. Son âme se fondit instantanément dans l'Ether. Je lâchais alors mes amres et tombais à genoux devant ma soeur. Mes gantelets d'acier couverts de sang pressèrent sa tête délicate contre mon plastron froid et mes larmes coulaient sur son visage.
"Je suis désolée petite soeur...si désolée. Je t'aime mais... Je n'ai rien pu faire... Je...je suis désolée..."
Elle ne se réveilla pas. Pourtant, elle n'était pas morte. Je sentais son souffle, faible mais présent, contre ma joue. Le remords et le chagrin m'envahirent. Je la déposai doucement contre un arbre et lui caressai les cheveux.
"A bientôt...peut-être... N'oublie jamais que je...que je t'aime."
Je me relevais et me téléportais dans les Abysses. Ma rage était telle et mon chagrin était si puissant que seule la mort pourrait m'en délivrer. Un balaur semait le rouble dans nos rangs. Sans réfléchir, je me ruais à l'assaut. Le combat fut d'une intensité sans pareille. Ma lame se brisa et le monstre me propulsa une énorme boule d'énergie qui me frappa de plein fouet. Le choc me coupa le souffle et je tombai dans le Néant.
Le soleil sur ma peau... Le vent dans mes cheveux... Mon souffle dans mon corps... Mon coeur qui bat... J'ouvre les yeux... Je regarde mes mains... Je touche mon corps... Mais qui suis-je?
Un nom...
Sylva
C'est tout ce qu'il me reste.